Au pied des Alpes, cette magnifique villa, bâtie en 1855, a échappé à la destruction grâce à son actuelle propriétaire depuis 1981. Le monument est aujourd’hui classé et d’une splendeur à couper le souffle.
Son heureuse propriétaire, Christiane Guichard, connue sous le nom de « La Dame de la Casamaures », a obtenu en 1986 le classement en monument historique de la villa. Quatre décennies durant, elle s’est attelée à la rénovation du site, avec pour objectif la préservation de son architecture héritée d’un 19e siècle féru d’Orient, et de redonner vie au monument à travers la création.
Située à Saint-Martin-Le-Vinoux, la villa Casamaures trône fièrement sur les pentes du massif de la Chartreuse. Son architecture est d’une beauté époustouflante : les colonnades côtoient de magnifiques arabesques, et les immenses vitraux colorés flirtent avec des jardins sur terrasses truffés de plantes exotiques. Tout un pan en bois de la façade constitue d’ailleurs un héritage du pavillon turc de l’Exposition universelle de 1855 ! On y découvre également un jardin d’hiver lumineux, orné de bibelots orientaux, et au plafond haut de 9 mètres. La construction de la villa en ciment moulé ou « or gris » a même amené le conservateur des Monuments Historiques, Dominique Peyre, à préciser, dans un livre consacré à l’édifice, la créativité étonnante des œuvres architecturales du 19e siècle.
En plus de sa magnificence, la villa Casamaures est chargée d’histoire. Au 19e siècle, l’engouement pour l’Orient est à son paroxysme, après la fameuse expédition de Bonaparte en Egypte. Et à Grenoble, cet engouement est d’autant plus marqué qu’y vivent l’illustre Jean-François Champollion et Joseph Fourier, un éminent savant. C’est ainsi qu’un négociant grenoblois, Joseph Jullien dit « Cochard », édifie la désormais célèbre villa. Mais les revers de fortune, et les soucis familiaux, auront raison de sa prospérité. Et les suicides de sa troisième femme et de son fils ont pour conséquence la mise sur le marché du bien. D’abord occupée 25 années durant par une fabrique de fromage, la bâtisse sera ensuite squattée par des sans-abris dans les années 60-70. Christiane Guichard en fera in extremis l’acquisition en 1981, au nez et à la barbe de promoteurs soutenus par le maire.
Bien qu’aujourd’hui la villa Casamaures demeure entourée d’entrepôts abandonnés faute d’une législation inappliquée selon sa propriétaire, le site, qui a cumulé de nombreux prix architecturaux, continue de fasciner et d’inspirer ses visiteurs de tous bords. Il y a peu, un clip de K-POP y a même été tourné, dans le cadre d’un challenge sur les réseaux sociaux.
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